Stan est l'histoire d'une traversée de Paris. Pas celle de Bourvil et Gabin dans le film éponyme des années 50 non. Mais bien celle de deux jeunes sans-abri qui, le temps d'une fête de la musique, vont tenter d'oublier pendant quelques heures leur condition. Leur condition qui est celle de millions d'autres personnes. Les SDF, les marginaux, les sans-abri, les sans-logis, les clochards, les clodos. Les mots ne manquent pas pour nommer ces personnes croisées tous les jours et pourtant invisibilisées en permanence, déplacées sur le côté, rendues anonymes dans la foule des autres, tous les autres, ceux qui ne sont pas exclus mais bien au chaud à l'intérieur du système, les toujours pressés qui regardent le sol, les chanceux, les indifférents, les gens biens, les "comme il faut".

 Cette nuit de fête populaire sera brève et longue, joyeuse et terriblement dangereuse à la fois, marquant au fer rouge la mémoire traumatisée de l'un de nos deux héros.

 Le temps de quelques heures, être simplement un jeune comme les autres, danser avec ses copains, faire le tour des bars, oublier la galère du quotidien, les journées entières à errer le ventre vide, les plans foireux des potes, tout oublier et s'oublier soi-même dans l'effervescence de la musique.

Mais le destin se rappelle toujours à nous d'une manière ou d'une autre dans toute sa violence...

 Roman Parizi nous donne à voir le monde des sans-abri de l'intérieur.

 Son écriture est brute, rude, efficace, le rythme maîtrisé, mais l'ensemble reste empreint d'une émotion réelle (on ressent une affection sincère pour les deux personnages principaux) sans jamais tomber dans un pathos vulgaire et facile. 

 Un auteur à suivre tant cette nouvelle est prometteuse.

Je recommande !